Une expérimentation est en cours sur les claires d’affinage de la CABANOR. L'objectif est d'expérimenter deux pistes possibles pour une utilisation des claires apportant un bénéfice économique, soit en permettant le verdissement des huîtres, soit en y cultivant de la salicorne, et ainsi éviter la détérioration de ces espaces.
Contexte
Certaines claires en Normandie sont inutilisées par les professionnels alors qu'elles disposent d'un potentiel de valorisation économique. Elles sont envahies par de nombreuses plantes halophytes dont la salicorne.
Dans d’autres régions, ces claires sont utilisées afin d'y cultiver de la Salicorne. On peut supposer qu’il existe un potentiel de développement en Normandie puisque celle-ci y pousse naturellement. Les claires ostréicoles pourraient être converties en zone de culture de salicornes et permettre de revaloriser économiquement ces espaces, en offrant un revenu complémentaire au conchyliculteur. Ce sont au maximum 35 claires de 700 m² qui pourraient être exploitées si les concessionnaires le souhaitent.
Une autre possibilité est le verdissement des huîtres, sujet plus complexe car la diatomée Haslea ostrearia, nécessaire au verdissement, est très aléatoire en Normandie, et ne permet pas, en l’état actuel, de garantir un affinage régulier chaque année.… Il faudrait revoir le fonctionnement des claires dans ce cadre, en collaboration étroite avec les professionnels qui pratiquent toujours cet affinage.
Des premiers contacts sur le territoire avec des concessionnaires ont démontré un intérêt de la part de certains d'entre eux pour le projet (Fermey-Paris & Pien, 2017).
La salicorne, une plante recherchée
Les salicornes correspondent à des plantes halophiles, le sel est un élément indispensable à sa croissance. Elles se développent essentiellement dans des lieux fermés et plutôt sablo-vaseux comme les baies et havres de la Côte Ouest du Cotentin dans la Manche. On la trouve aussi dans le calvados, près de l’estuaire de l’orne et de la dives, en Baies des Veys. Des pêcheurs à pied la récoltent. C’est une plante annuelle, c’est à dire qui ne repousse que si elle fleurit en août, à cette époque, elle devient ligneuses et se couvre de petites fleurs.
L’activité de cueillettes est règlementée en Normandie, le département de la Manche bénéficie depuis 2009 d’une règlementation spécifique pour la cueillette des salicornes dans un objectif de gestion durable des milieux. Les salicornes formant un habitat naturel d’intérêt européen. Par exemple pour la cueillette de loisir, c’est deux poignées par personnes de juin à août, et on coupe à plus de 6 cm du pied.
On la trouve aussi en Charentes, Bretagne ou encore baie de Somme où la cueillette représente une activité économique importante.
D’autre part, la culture de cette plante est également pratiquée en plusieurs endroits de France et du monde et de différentes manières. En Charentes, la culture se pratique dans les claires et les salines abandonnées alors qu’en Bretagne, elle est cultivée en hors sol, sous serre. D’autres pays pratiquent cette culture.
Son marché national et international est en essor, elle est utilisée pour ses vertus gustatives et nutritionnelles, mais aussi pour la cosmétique.
Expérimentation
L’objectif de l’expérimentation est de définir
- les paramètres pour une bonne gestion des cultures de salicornes
- les clés de réussites pour le verdissement des huîtres
En effet, avant de passer à la mise en culture des claires, ou sur du verdissement, il faut définir plusieurs paramètres et définir leur rentabilité.
Pour la culture de salicorne, seront étudiés :
- L’aspect réglementaire : pour le moment, la législation ne permet d’utiliser les claires que dans le cadre de l’élevage de l’huître. Les textes devront être modifiés pour y permettre l’exploitation de la salicorne (DDTM, DREAL) ;
- Les conditions phytotechniques de culture qui doivent être définies précisément (cycle temporel, semence, densité, arrosage, récolte, temps passé, rendement, potentiel…) impliquant une phase expérimentale (à l’échelle ½, in situ) au préalable ;
- L’identification des marchés et estimation de la rentabilité d’une telle culture pour une entreprise (rentabilité, débouchés, transformation, commercialisation..).
Un guide sera publié.
Concernant le verdissement des huîtres, seront étudiés :
- Etude de la bibliographie existante sur le sujet (condition climatologique idéale, mortalité, technique..) ;
- Les conditions phytotechniques (bibliographie sur les conditions climatiques idéeals, mortalité, technique, définition du protocole, …) ;
- Le potentiel de commercialisation.
Un guide sera aussi publié.
L’expérience est en cours, plus d’informations sur le site du SMEL.
Soutenu par le FEAMP et la région, le projet est en cours depuis 2018.
- Coût total du projet TTC : 66 578,03€
- Taux de cofinancement : 80%
- Montant DLAL FEAMP : 26 631,21€
- Montant région : 26 631,21€
- Autofinancement : 13 315,61€